samedi, août 21, 2004
-74. Obscénité.
Autre sujet.
Wilfried peste, par mail, contre les p'tits jeunes qui surfent sur la mode porno branchouille en ouvrant des sites où ils ne dévoilent que des bouts de seins ou d'épaules et il compare ça à ces chanteurs de variété qui se font passer pour des punks parce qu'ils se teignent les cheveux en vert. Il dit que la pornographie (la vraie) se définit d'abord par son obscénité.
C'est vrai à mon sens, mais insuffisant. Vrai, parce que, la tolérance augmentant en matière d'iconographie, on repousse sans cesse, lentement, la frontière qui sépare l'érotisme, l'art, l'admissible et le porno mais que cette frontière reste cependant claire : c'est la limite de la tolérance, du bon goût moyen. Si ça choque, si c'est « obscène », c'est porno. Le porno chic est donc une ineptie. Un objet vide. Mais, cher Wilfried, ça va plus loin, cette notion d'obscénité, que la simple crudité des actes et que le nombre de centimètres carrés de peau exhibés. La réaction de Canal à mon dernier film « Inkorrektes » est la preuve (casse-couilles quand même.) que l'obscénité est une notion floue. Canal ne censure pas autant les X commerciaux italiens ou français dans lesquels, pourtant, les actes sont exactement les mêmes que dans « Inkorrektes ». La différence ? Le regard sur la chose. Commercial, banalisé par les conventions chez mes collègues (et donc, à l'obscénité désarmée par l'insignifiance et la bétise), frontal, cynique (au sens philosophique du terme), insolent et donc obscène chez moi.
Quand on peut se dire : « les pornographes touchent à un truc sacré mais ils sont tellement cons qu'ils ne le savent même pas, laissons-les jouer dans leur coin », on n'a pas peur. Quand on se dit « Hola, celui-là joue avec un truc sacré, il le sait parfaitement, où va-t-il, il me fait peur. », alors, on sort les ciseaux dare-dare.
vendredi, août 20, 2004
Les fesses de Cerise.
Heureusement, Cerise, elle, est une femme de tête. Elle nous offre ses fesses ravissantes.

Merci mamzelle !
Vous pouvez retrouver Cerise ici :
http://www.urban02.net
-75. 290 portnawaks. C'est beaucoup, ça...
Bonne, voire très bonne soirée avant-hier, avec toujours les mêmes (Titof, Loulou, Adrianna) ; entrecôtes et Gamecube, souvenirs d'anciens combatants du trou de balle en fleur et projets d'avenir. Adrianna, sereine, pleine de peps. Elle a (définitivement ?) quitté le métier et elle file à Los Angeles faire des câlins à un gentil caméraman de Playboy TV qu'elle avait dragué pendant le tournage en Corse. Vas-y Adrianna, fonce.
On en est où, de cette année de gloubiboulgas ? On en est au 290ème billet. 75 à pondre avant la ligne d'arrivée. Qu'est-ce qui s'est dit, pendant ces 73% du voyage ? Tout et son contraire, bien sûr. Le X, c'est beau et magique ; le X c'est nul et con ; le sexe filmé a de l'avenir : le sexe filmé est un cul de sac créatif. Attirance/répulsion. C'est l'histoire de ma vie, ça, héhé ! On y reviendra en manière de feu d'artifice avant la mort de ce blog.
Yo. Charlie O. vient de me rejoindre à la pizzeria. On a se finir en se racontant portnawak. C'est bien.
jeudi, août 19, 2004
-76. Rien que du texte... Et elles sont où les photos, alors ?
Dans un long courrier gentil, Benoit (un nouveau dans ma boitimèle) me dit, entre autres :
« Hello John
[.] Je me pose une question bizarre : est ce que la mort du porno dont tu parles n'est pas d'une certaine façon une chose nécessaire. Je m'explique :
Si le porno ne rapporte plus d'argent, alors tout le business qui se fait va plus ou moins se péter la gueule. Du coup, les nouveaux qui se mettront a en faire le feront parce qu'ils ont envie de dire et de montrer quelque chose et non pas juste pour se payer de la coke et rouler en BMW. [.] si le porno doit devenir un art ou un vrai moyen d'expression et de contestation est ce que justement il ne doit pas pendant un moment arrêter d'être « rentable ».
Je sais, c'est un peu raide à avaler, mais l'art en général est un truc qui dérange quand il dit des choses que personne ne veut entendre. Quand on pense à tout ces peintres qui ont crevé la dalle parce que leur vision du monde n'était pas conforme et qui maintenant sont accroché sur les murs des musées. Quand tu nous raconte ton histoire de censure pour le passage sur Canal, c'est la preuve que le fric tue actuellement toute opportunité de faire un truc intéressant parce que les gens qui ont le fric ne veulent surtout pas que tu remettes en question leur petit système. C'est pareil dans la musique ou la rentabilité des Star Ac tue la musique.[.] »
Il continue en me proposant de pervertir le système en livrant des produits à double lecture qui font semblant de jouer le jeu en le dynamitant de l'intérieur.
Il est bien, ce gars-là. Je suis d'accord dans l'ensemble. Quelques remarques, pourtant.
- La mort du porno, tel qu'il existe aujourd'hui, indigent intellectuellement et purement thérapeutique, serait une excellente nouvelle. Elle signerait le fait que la société est devenue adulte et que les frustrations sexuelles ont disparu. Hi hi ha ha ha (grand rire joyeux). Ce porno-là n'est pas près de disparaître. Les frustrations se portent bien. Merci pour elles. Au contraire, ce X-là prolifère, sur le web, sur le câble, mais porté par des productions de plus en plus cheap, au point qu'on n'engage presque plus d'acteurs, juste des copains ou des pauvres gars qui courent après leur queue et qui font les scènes gratos.
- L'art ? Je ne suis pas un artiste. Sûrement pas et je ne me sens pas le droit de parler d'art. J'exècre le mot, qui plus est, et le sens qu'on lui attache généralement. Je suis un artisan.
- Oui. Dynamiter de l'intérieur. Faire méthodiquement, soigneusement, tranquillement mon travail de termite en offrant des produits en tout genre, qui paraissent anodins et jolis de prime abord mais qui contiennent une charge à retardement. Le deuxième effet Kiss Cool. Boum ! C'est dans cette direction-là que je souhaite travailler à partir de dorénavant et pas plus tard que tout de suite. (C'est de cette voie-là que je parlais en mentionnant Tinto Brass, il y a quelques semaines)
Puis il enchaîne avec un autre sujet:
« Connais tu Veronica Monet ? www.veronicamonet.com. C'est une femme qui après diverses expériences personnelles à décidé de devenir prostituée. Une sorte de prêtresse du sexe moderne. Je suis entré en contact avec elle pour un projet de documentaire et elle est charmante. Je ne sais pas précisément pourquoi je t'en parle si ce n'est que son trip prêtresse me parle dans le sens ou pour abolir la pensée platonico-judo-chretienne, il me semble qu'il va falloir des femmes, des femmes comme elle qui disent haut et fort que si on ne se met pas à s'aimer et a baiser, on est mal partis.
Bon j'arrête de te faire perdre ton temps .
Ton blog est toujours un vrai plaisir, j'ai pas trop envie qu'il s'arrête, ça va faire gros vide.
A+
Benoit »
Non, je la connais pas. Mais oui oui à tout ce que tu dis à propos d'elle. Allez, les nanas, au boulot, on a besoin de vous !
Yoan me donne une définition du mot « pornographie » qu'il a trouvée sur le web dans wikipedia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Pornographie) :
"La pornographie est la représentation par divers moyens techniques de choses obscènes. Un grand nombre d'États règlementent strictement la liberté de publication des ouvres pornographiques : âge minimum d'accès requis, limitation des lieux d'accès, limitation des choses représentables (par exemple, en France, un viol ne peut apparaître dans l'intrigue d'un film classé X)."
Il s'étonne de la variété des interprétations de la notion d' « obscènité » et se demande pourquoi, suivant cette définition, le chômage et la misère ne seraient pas classés X. Bienvenue dans le club de ceux qui ont compris de quoi on parle vraiment sur cette page, Yoan !
Oh, allez, tiens, si, une image quand même, pour vous récompenser d'avoir lu tout ça jusqu'au bout. Une tendre image de pornographie merveilleusement obscène et saine.

Vas-y Sharon, la vie est courte, prends ton pied, crie, jouis, profite !
mercredi, août 18, 2004
Tiens, encore une réaction sur le post -78
je voudrais réagir à un truc que je viens de lire sur ton blog:
c'est rapport à la reponse faite à C. ,ce jeune gars qui aimerais faire du porno,qui utilise divers joysticks comme ns tous d'ailleurs,et qui aime la nature (chouette!!!).
Bon,je te trouve dur voire moqueur avec lui : "ta gentille lettre" - On sent que tu te fout de lui,ce qui est ma foi ton problème d'autant que tu reçois des tonnes de lettres de personnes ayant le même dessein,mais bon....est-ce vraiment une raison?
Il est jeune mais il à l'air sincère,on dirais même qu'il n'a plus le goût de vivre.......... Et l'autre chose qui m'a donné envie de réagir c'est que tu dises que le x est un milieu sans débouchés,que ce n'est pas la peine même d'essayer de se lancer.
[... ]
L'HOMME selon moi fait principalement deux choses: il baise,et fait de la musique.
Alors,je te le dis ,je ne suis pas convaincu que ce jeune homme n'ais pas sa place, qu'il fasse mieux d'etre "gentil organisateur" comme tu le lui conseille.Moi je pense que qd on veut,ben...on peut.
S'il à decider de creuser sa tombe avec sa queue,laissez le tenter bordel !
[...]
D'ailleurs je m'en vait de ce pas chercher une des mes copines et on va tourner la première scène ,de mon premier "brulôt" X-rated,comme ça on pourras pas dire que je mouille pas le slip ou que j'ai qu'une grande gueule.
A trés bientôt.
Nills AkA ExeDeXes"
Vas-y Nills, fonce. Quant à ma réponse au jeune C., c'est pour le protéger que je lui ai écrit ça. Pour le dissuader d'essayer. J'en ai tant vu qui se sont fait mal dans ce métier. C'est un crève-coeur.
-77. Ca y'est, ça commence...
Je commençais à écrire ça hier soir à la pizzeria :
« Ecrit sur la nappe, blogué sur le vent. Ou l'inverse. « Le tout est de tout dire. Mais je manque de mots, et je manque de temps et je manque d'audace. » (Eluard) La seconde proposition est juste. Pas la première. Je ne dirai jamais tout sur ce blog ouvert à tous les vents, qui suscite tant de malentendus, qui est toujours lu au premier degré et qui nourrit tellement de fantasmes.
Tu pètes un câble, Jeannot ? Non. J'ai un peu peur du vide. Quel vide ? Celui des jours qui viennent, jours de vacuité imprévus. Pas de Lola, pas de boulot pour des raisons inintéressantes, pas de sous à dépenser au bout du monde (j'en reviens). Que vais-je faire de ces jours-là ? Il fut un temps où des questions comme celle-là ne m'auraient pas inquiété, où le temps qui passe, qui s'arrête, qu'on remplit ou qu'on subit ne me faisait pas peur. Je trouvais toujours quelque chose à faire, à inventer, et vivre, en soi, était alors suffisamment intéressant et neuf pour que je puisse me dispenser de mode d'emploi et d'emploi du temps. C'est bien fini, ça.
« Whisky, Michel ! »
Courrier de Père François, hier, heureux de me voir écrire sur Onfray, sur les cyniques et les épicuriens. Je repensais dans la journée au mal qu'on nous a fait et. »
Pas pu continuer ce texte. J'étais assis en terrasse et j'ai été interrompu par le patron d'un resto voisin, saoul et speed comme un Polonais qui serait tombé dans la poudreuse. Il s'est imposé à ma table, a bu mon vin, commandé une pizza pour rester avec moi, failli se battre avec Michel, m'a raconté sa vie, ses chagrins ses angoisses. Grmblzfffrt*$+$*%!*$!!!
Je reprendrai un autre jour sur le sujet.
Extrait d'un long courrier reçu aujourd'hui :
« Le post -78 me fait l'effet d'un briseur de rêve. Alors John, s'il n'y a pas d'avenir en tant que hardeur (Ce que je savais déjà !), y a-t'il encore un moyen de vivre du cul (Sans être à la TV... Par exemple, en ouvrant une librairie spécialisée ou en devenant balayeur dans un peep-show... Réalisateur de film X ou webmaster spécialisé peut-être...) ? »
Vous pouvez retrouver le Wilfried qui m'a transmis ce courrier ici : http://www.livejournal.com/community/nofaux/53989.html#cutid1
Oui, il y a. Bien sûr, il y a. Faites du X, exprimez-vous sur le sujet, nom de Dieu, montrez vos fesses, montrez les fesses de vos voisines, que votre cynisme se répande comme une épidémie et que la sexualité en images sorte enfin de son ghetto névrotique et devienne un fait de société, un fait de culture, une saine réaction devant la laideur et les mensonges du monde. Mais s'il vous plaît, ne faites pas le même X que celui qui existe déjà et qui a déjà mille fois prouvé sa vacuité et sa pauvreté. Soyez bons !
mardi, août 17, 2004
-78. Privé de quéquette.
Avant toute chose je tenais à vous remercier d'avoir répondu à mon courrier. J'en fut heureux car en fait, je ne m'y attendais pas du tout... J'espère que pour vous, tout va pour le mieux. En fait, je me permets de vous écrire car je n'ai personne d'autre à qui me confier. Mes parents sont tout le temps sur mon dos et ma petite amie me prive de toute vie sociale. Je ne vous écrit pas pour me plaindre mais plutôt pour vous demander conseil sur telle ou telle chose. Il y a par exemple le travail : j'ai essayé de faire maçon, coiffeur, agent de sécurité, manutentionnaire, jardinier, secrétaire mais rien de tout cela ne me plaît pourtant j'avais décroché un CDI à chaque fois ! Et je n'ai que 21 ans... Mais parents me persécute à cause de cela, ils sont démoralisés. Quand je fais le bilan sur ce que j'aime j'arrive à la conclusion suivante : j'aime les jeux vidéos, le sexe et la nature... Pas de quoi en faire un métier... Pourtant, j'aimerais me lancer dans votre branche ! Je sais que cela peut paraître prétencieux ou trop sûr de soi, mais si je n'essaye pas je m'en voudrais toute ma vie. C'est pourquoi je voulais votre avis... J'habite Toulouse, chez mes parents, j'ai une petite amie depuis plus de deux ans et pourtant je me sens près à descendre sur Paris pour tenter de devenir l'un des meilleurs acteurs du cinéma X. Je suis près à tout laisser derrière moi et à repartir à zéro ! Je ne dis pas que je réussirais mais qui ne tente rien n'a rien et ma vie actuelle ne me dis plus rien. Alors je voulais savoir ce que vous pensiez de tout cela. Ce que vous vous auriez fait à ma place... Vous qui êtes dans un métier que j'aime mais sur lequel j'ai peut-être aussi beaucoup d'illusions (j'en suis consciens), pensez-vous qu'avec ma seule volonté je pourrais réussir à percer (sans mauvais jeux de mots) dans cette profession ? En espérant vraiment une réponse, merci à vous.
C. »
Cher C.
Pardonne-moi de publier ton email et d'y répondre sur ce site au lieu de le faire dans un courrier perso. Mais ta gentille lettre ressemble tant à des centaines d'autres que je reçois tous les jours, venues de toute la France, que j'ai pensé qu'y faire une réponse publique m'éviterait de me répéter. Non, C., malheureusement, quels que soient ton talent, ton physique, tes capacités de bandeur et ton opiniâtreté, je ne pense pas que tu réussiras à percer dans ce métier, parce que ce métier n'existe plus. Il y a, en tout et pour tout, une trentaine de hardeurs professionnels en activité en Europe. La plupart crèvent plus moins la dalle, courent après des cachets miteux, font le gigolo pour assurer leurs fins de mois. Les hardeurs qui gagnent correctement leur vie de ce côté-ci de l'Atlantique sont des exceptions. Rocco Siffredi, Christophe Clarck (qui vivent et travaillent à Budapest), une poignée d'autres. Et encore, ce n'est pas même avec leur queue qu'ils gagnent leurs sous, c'est en pratiquant le métier de producteur et de distributeur. En France, il ne reste que trois ou quatre sociétés qui tournent encore un peu, et avec toujours plus ou moins les mêmes castings. Le reste (95%), c'est de l'amateur ou du pro-am de misère.
Qui gagne des sous avec le cul ? Ben, les télés, pourquoi ?
Les jeux vidéos, le sexe et la nature sont des hobbies formidables, cher C. Pourquoi ne deviens-tu pas animateur de clubs de vacances avec concours de jeux vidéos et plein de galipettes dans l'herbe? Tu utiliseras ainsi tes joysticks préférés tous les jours, au soleil et tu seras heureux.
lundi, août 16, 2004
-79. Faut pas se tromper de virtuel...

Très rigolo, certes, mais aussi éloigné que possible de mon métier...
Intelligemment constructif, n'est-il pas ? Faut croire que la période de vide mauricienne ne suffisait pas puisque je m'en reprends une tranche. Ouais. Il y a aussi qu'il faut que je replonge dans mon obsession érotomaniaque pour redevenir un bon pornographe amoureux de son sujet mais que, enfant gâté que je suis depuis Lola qui se fait un point d'honneur à ne jamais me laisser avec les testicules pleines, j'ai un peu de mal à me remettre dans la peau du personnage. Je crois que le boulot de pornographe se pratique mieux avec les couilles pleines, un vague sentiment de misère sexuelle personnelle, en tout cas une vraie frustration, et un profond désir de sublimation de cette petite misère. Je n'ai jamais aussi bien photographié les filles à poil que lorsque j'étais un célibataire piteux. Replonger ? Replongeons. Retrouvons le désir, la rage et la nécessité. Mais essayons de le faire différemment. Hier, au bureau, j'ai essayé de me branler devant internet. J'ai trouvé ça difficile, antinaturel alors que ça me semblait si simple, si évident il n'y a encore pas si longtemps. Va falloir que ça revienne et que le virtuel sexué retrouve une partie de ses droits dans ma fantasmatique perso.
On est lundi et je me sens comme un dimanche. Ca va pas, ça.
dimanche, août 15, 2004
- 80. Diogène, réveille-toi, ils sont devenus fous !
"Bonjour John,
Je suis un homme, j'ai 30 ans, une vie sexuelle stable. Je lis ton blog depuis quelque temps. Permets-moi d'abord de témoigner du plaisir physique (et donc intellectuel) que me procure sa lecture, tant il est bien écrit.
Ma motivation en venant sur tes pages réside moins dans l'envie de découvrir d'autres plaisirs que de m'aider à répondre à la question : pourquoi la sexualité est-elle si importante qu'il faille la cacher ?
Nous ne serons pas d'accord sur un point (mais je me battrai toute ma vie pour que tu puisses le dire) : je comprends, au tréfonds de moi-même, que la sexualité touche à l'intime, poteau indicateur prophétique planté au croisement du "moi", du "ça" et du "surmoi". De ce fait, une voix m'enjoint de protéger ce domaine.
Ta démarche un peu différente consisterait, si je te lis bien, non pas à contredire cette idée, mais à la pousser dans ses derniers retranchements : provoquer la sexualité, lui mettre des claques pour mieux la faire réagir, afin de la comprendre. Lui mettre des claques, c'est à dire la montrer. [.]
Merci en tout cas de m'aider dans cette aporie obsessionnelle dont la réponse est peut-être, telle la religion pour combler ses frustrations, de créer parfois des chefs d'ouvres.[.]
Shaker."
(Vous pouvez retrouver Shaker sur son blog http://shakerfou.blogspot.com/)
Yo. Je remercie François (encore ?) de m'avoir orienté sur Michel Onfray et sa « théorie des corps amoureux ». J'avais le bouquin avec moi à l'île Maurice et, dans l'état de vide solaire où j'étais, cette lecture était providentielle. Le thème du livre est au cour de mon histoire personnelle, à vrai dire. J'esplik, pour faire suite et réponse partielle aux questions de Shaker. Je vous préviens, ceux qui n'ont pas lu ce journal depuis le début auront peut-être du mal à comprendre.
J'ai été élevé, comme beaucoup d'entre nous, d'entre vous, dans une société régie par le dogme platonicien, judéo-chrétien, catholique. Séparation du corps et de l'âme, mysogynie, interdits et culpabilité. Lisez Onfray pour avoir une implacable description de la doctrine et de ses ravages. Dès l'enfance, puis à l'adolescence et enfin, à la mort de mon père, j'ai compris, dans ma chair, dans ma bite, dans mon sang, à quel point les règles auxquelles on voulait sur je me soumette étaient iniques, mensongères, cruelles, qu'elles avaient rendu mes parents malheureux et qu'elles me conduiraient droit, au choix, en prison, en hôpital psychiatrique ou dans le purgatoire de la résignation et du dégoût de soi. J'ai réagi comment ? J'ai réagi à l'instinct, en inventant John B. Root, en montrant du doigt les fesses du roi nu, en m'installant avec méthode et obstination dans le camp du mauvais goût, de la provocation, des interdits dévoilés. Vous avez quelles sont les écoles de philosophie les plus proches de cette attitude ? Les cyniques, bien sûr -cher Diogène, n'est-ce pas, Shaker ?-, et les épicuriens hédonistes. Cette opposition entre néo-platoniciens et philosophes « libertins » (au sens de « privilégier la liberté individuelle contre le dogme ») est le sujet même du bouquin de Onfray. Intuitivement, naïvement, dans un réflexe d'auto-défense, j'ai donc opté, à l'époque de ce choix de vie, pour Epicure, Diogène et Ovide contre Platon, Saint Thomas d'Aquin et les inquisiteurs. Elle est pas belle, celle-là ? Qui a dit que la philo c'était pas la vie ?

Vous croyez vraiment qu'il ressemblait à ça, Epicure? Mouais...
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