samedi, mai 01, 2004
John, quel fin psychologue tu fais...
Encore gagné. Merde. Va falloir que j'invente un autre personnage...
-162. Allumeuse ou guerrière?
Parlons de N. Elle est apparue dans la tribu un jour, un soir, je ne sais plus. Elle a pris l'habitude de venir nous voir souvent. Peu à peu, j'ai eu la surprise de la voir surgir au bureau, faisant la bise à tous comme si elle était une intime de longue date, puis dans les soirées, au Queen, chez moi, ailleurs. Copine avec tous et toutes, draguant les un(e)s et les autres. Douce et provocante, ne ratant jamais une occasion de faire un strip-tease et de se frotter aux garçons pour le plaisir de se montrer et d'allumer. Parlant d'elle, du livre qu'elle écrit... "Caramel, bonbons et chocolats... paroles, paroles..."

N., un soir comme les autres...
Je ne faisais pas vraiment attention à elle, elle n'était qu'une de ces groupies qui tournent régulièrement autour des gens du X pour le plaisir de respirer de près l'odeur du soufre. Et puis, chez moi, l'autre soir, je l'ai regardée d'un peu plus près pendant qu'elle dansait nue. Son mélange de timidité et d'audace m'a intéressé et j'ai inventé pour elle un rôle dans le film. Le rôle d'une romancière frustrée qui rêve de passer à l'acte mais qui n'ose pas, qui espionne les autres filles par les trous de serrure, qui se fait des strip-teases toute seule devant son miroir et qui pleure le soir dans son lit parce qu'elle a peur de se lâcher. Je savais, car elle le disait souvent haut et fort, qu'elle ne ferait jamais de porno, mais je lui ai quand même raconté le rôle au bureau. Elle a tremblé de la tête aux pieds. Elle aimait le personnage. Evidemment, il avait été conçu sur mesure pour elle. Quelle belle preuve d'importance ! Mais... « Mais il faudra que j'ai des rapports sexuels dans le film ? » « Oui » « Avec qui ? » « Avec qui tu voudras, c'est toi qui choisis. » Elle m'a promis sa réponse pour hier. Hier, elle tremblait encore plus. Je l'ai emmenée au resto. Alors ? Tu le fais ou tu le fais pas, le film ? Elle m'a demandé une nuit de réflexion en plus. Théoriquement, je devrais avoir sa réponse définitive dans la journée. Je suis à peu près persuadé qu'elle me dira non.

N. dans la baignoire avec Titof. Provoquer, jouer ? Oui. Mais monter sur la barricade et s'exposer en portant bien haut le drapeau du sexe ? Pas si simple...
Ce qu'elle aime, cette nana, c'est l'idée qu'elle pourrait faire le film et le fait que je le lui ai proposé. Mais me dire oui ? Prendre ce risque-là ? Entrer vraiment dans cette famille ? Sauter du pont en faisant confiance à l'élastique ? Franchement je serais étonné. A suivre.
vendredi, avril 30, 2004
-163. Hier j'ai fait le clown...
« Salut John,
je ne sais pas ce qu'est la "Maison des Auteurs". Mais si c'est une institution culturelle et qu'on y invite JBR présenté comme "un artiste qui n'a cessé d'innover", alors peut-être le porno de qualité fait-il doucement son chemin hors de son ghetto. Il n'est pas interdit d'être optimiste de temps en temps, non ? »
La maison des auteurs dépend de la SACD (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques) dont je suis sociétaire en tant qu'auteur télé et multimédia. C'est une maison très sérieuse, qui se bat pour le respect de la propriété intellectuelle et qui collecte les droits d'auteur auprès de tous les diffuseurs d'oeuvres de l'esprit. C'est vrai que c'est un événement qu'on y reçoive un pornographe. J'imagine que les organisateurs ont pris de vrais risques en m'invitant et que la décision de le faire n'a pas été évidente. Hier soir, à vingt heures, la salle était pleine. J'ai fait mon show, parlé de mon métier, montré des trucs, des cd-roms, des bouts de films et des photos cochons, parlé d'Explicite, d'Inkorrekt, du projet de web tv, des projets futurs. J'ai fait le clown. Tout le monde avait l'air intéressé. Mais bizarrement, la séance de questions qui a suivi était décevante. J'attendais des questions sur la forme, sur les thèmes, des questions sur la sexualité et sa représentation ou des questions sur le plaisir. Non. A part une question sur les spécificités de l'écriture pour la pornographie, pas d'autre question de fond. Alors qu'il me semble que c'est dans le fond que mon métier est le plus intéressant : par son thème, son rôle social, pédagogique, le fascinant mystère de son objet même : les relations sexuelles et l'idée qu'on s'en fait. Bon. Pas grave. On s'est terminés dans un très mauvais et très bruyant restaurant. Tout le monde avait l'air satisfait et j'avais le sentiment d'avoir fait mon devoir qui est de communiquer sur mon métier. Pointalaligne.
« Le printemps » sera tourné dans 19 jours. A l'aide ! La page est toujours blanche et je ne parviens pas à réunir un casting qui me satisfasse. J'ai envie, sur le conseil d'un responsable de Canal, d'appeler le film « Inkorrekt ». Pourquoi pas ? Dès demain matin, je m'installe sur mon portable et j'écris, j'écris, j'écris, jusqu'à ce que j'obtienne quelque chose que j'aie envie de tourner. Banzaï !
jeudi, avril 29, 2004
-164. Brrrrffffffrrrrr !!! fait le cheval en s'ébrouant.
Brrrrffffffrrrrr !!! fait le cheval en s'ébrouant. Allez, l'air du matin est frais, une fine brume flotte au-dessus des champs. En selle, cow-boy, la route est devant toi.
Je ne sais pas de quoi l'avenir sera fait. Ce porno-là sera peut-être mon dernier porno. Qui sait ? Je vais faire comme-ci. Tout oublier. Redevenir enfant. De quoi j'ai envie de parler, qu'est-ce que j'ai envie de filmer, qu'est-ce qui me fait encore bander, qu'est-ce qui m'émeut ? On m'offre une caméra, des projecteurs, des acteurs, des actrices et un décor pendant cinq jours. Qu'est-ce que je vais en faire ?
Rien n'est écrit encore, le casting n'est pas même arrêté. Page blanche.
« Tic tac tic tac » fait le chronomètre.
...
PS. Ce soir, je suis à la Maison des Auteurs pour y présenter un best-of de mes cochonneries. Si y'en a que ça amuse.
« Programmes Adultes et Nouveaux Médias
Une soirée avec JOHN B. ROOT.
CD Roms, Internet, DVDi, téléphonie mobile, télévision interactive, depuis le début des 90' John B. Root est un artiste qui n'a cessé d'innover.
Réalisateur maintes fois récompensé et porte-parole éclairé du mouvement anti censure, John B. Root vient montrer ses dernières créations et dialoguer avec le public.
Le jeudi 29 Avril 2004 à 20h précises
à la Maison des Auteurs
7, rue Ballu - 75009 Paris»
mercredi, avril 28, 2004
-165. « Qui suis-je et dans quel état j'erre ? »
mardi, avril 27, 2004
Ma reum a du goût en littérature.
"Rivages Poche - page 97
On tendit une tasse de café au prêtre, qui sortit de sa poche une petite flasque et en versa une copieuse ration dans sa tasse.
"Blague à part, dit-il, cette affaire de péché véniel - péché mortel, c'est dépassé. [...] Tous les péchés sont des péchés mortels. Ou, en d'autres termes, tous les péchés sont des péchés véniels. Ce qui importe, c'est l'amour. Plus il y a d'amour, moins il y a de péché. Je prêchais l'autre jour dans une retraite pour hommes, et je leur ai dit :mieux vaut coucher avec une prostituée par amour qu'avec sa femme par habitude. Il semble que certains m'aient pris au mot, et l'évêque est plutôt fâcché !"
Adam voulut demander si c'était mieux de faire l'amour à sa femme en utilisant un contraceptif ou de ne pas lui faire l'amour du tout, mais ... "
Merci Madame, c'est un superbe extrait.
-166. Coup de gueule.
"Salut John,
Ben tout est dans le titre. Pour moi, le plaisir de voir ton nouveau film passe avant tout.
Même si je ne peux passer un jour sans te lire, je me ferais une raison, si s'est pour nous faire du grand JBR. Le cinéma et la vie avant tout, ton film passe avant tes lecteurs !"
Ouais, Matthieu. Merci de tes encouragements. Mais tu risques d'avoir une déception...
On est à vingt jours de la mise en production du film et on est déjà en panne. Impossible de mettre la main sur un décor. Soit les dates ne conviennent pas, soit la somme demandée dépasse nos possibilités. Quel métier, je vous jure ! Dans « Porno Blues », il y a cinq ou six ans, j'annonçais la mort du porno hétéro par cause de dégradation des termes de l'échange et effondrement du marché. On y est. En plein dedans. C'était déjà pas joyeux de devoir tourner en cinq jours caméra à l'épaule, de faire deux films pour le prix d'un, de filmer les scènes de comédie au grand galop, de ne pas pouvoir s'offrir de journées de répétition, mais si on en arrive au point où on ne peut même plus transporter son casting, le loger et s'offrir un décor. Oh, avec quel mépris mon métier est traité ! Oh, comme, dans ces moments-là j'envie les gens du cinéma et leurs conditions de production. Ce film, « Le printemps », je savais dès le départ que ce ne serait pas une affaire juteuse économiquement, j'avais décidé de le faire pour le plaisir. Par vocation. Mais je suis à deux doigts de changer d'avis et de renoncer. Mes autres activités vont très bien, merci. Productions soft, productions gay, productions bi, projets interactifs, artistiques ou web.J'ai du pain sur la planche. Je me donne donc deux jours. Si dans deux jours l'horizon ne s'est pas éclairci, je renonce. Je ne ferai pas une merde bâclée, coûte que coûte, pour le plaisir de passer sur Canal. Il me reste encore ça : un minimum d'orgueil. Et tant pis pour ceux qui auraient aimé voir le film. C'est pas de ma faute.
A suivre...
"Une photo, une photo !"
Nan.
lundi, avril 26, 2004
-167. Ca aura à voir avec le printemps...
Le lundi c'est pornographie. Au boulot. C'est la panique. Je dois être en tournage le 20 mai du film qui passera sur Canal Plus au mois d'août. C'est une vraie course contre la montre. Je dois avoir rendu ma copie montée, mixée, prête à diffuser fin juin. Le projet ? Passionnant. C'est un film de femmes. Co-écrit par ses actrices (il n'y a aucune actrice de X professionnelle dans le casting, rien que des filles de la « vraie vie »). Un film dialogué par des filles, interprété par des filles, racontant des histoires de filles à l'attention d'un public de filles. Le titre ? Pas encore défini. Ca aura à voir avec le printemps. Le printemps de la météo, avec arbres en fleurs et prairies vertes ; le printemps de la vie puisque les personnages ont entre 19 et 24 ans. Les garçons ? Ma bande habituelle : Titof, Sebastian, Francesco. Et puis, sans doute, Junior le brésilien. Phil Holliday, peut-être. Rien que des mecs bien. Le scénario ? En cours d'écriture. C'est une chronique. Une tresse de petites histoires simultanées, les portraits et les petits destins parallèles de sept jeunes nanas pendant quarante-huit heures quelque part au soleil. Une « comédie érotique d'une nuit d'été » à ma manière. Un chassé-croisé sensuel et amoureux avec chants de cigales, bruits du vent, chants d'oiseaux, clapotis de l'eau dans les rivières du Sud de la France, sous le soleil exactement. Un truc aphrodisiaque, dédramatisé, tendre, drôle, léger, impertinent. Comme d'habitude, les conditions de production sont effrayantes. Cinq jours, pas de moyens. Deux films à faire dans le même temps et les mêmes décors. M'en fous. Je suis en forme, plein d'envies, plein d'enthousiasme et plein d'images en tête. Avec l'aide des copines, j'y arriverai.

Rencontré en casting une nana intéressante en fin de semaine dernière. 23 ans, issue d'une famille de religieux rigoristes juifs, en totale rupture avec cette éducation, décidée à tout offrir, tout oser pour se construire une identité neuve... Passionnant itinéraire. Passionnante idée de personnage de fille. Bienvenue dans le film, mamzelle !
Par contre, je vois pas bien comment je pourrai éviter qu'il y ait un trou d'une semaine dans les gloubiboulgas d'Inkorrekt. Peut-être que si j'emmène le portable, qu'on se connecte avec un téléphone portable. ? On y réfléchit.
dimanche, avril 25, 2004
-168
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