samedi, novembre 22, 2003
-323. Plaisir d'offrir, joie de recevoir.
Oh, la la la la la la la la la la. -323 ? Seulement ? J'en ai encore 322 à écrire, des gloubiboulgas ? 322 textes à propos du sexe ? J'y arriverai jamais. Déjà que j'ai la libido qui baisse gravement, alors le peu de neurones qui me restent (ceux qui n'ont pas encore été brûlés par l'alcool, le tabac et les emmerdes), j'arriverai jamais à leur faire cracher 322 idées nouvelles. C'est la panique ! A l'aide !... Tiens, du courrier.
C'est encore Bertrand. Mon sauveur ! Qu'est-ce qu'y dit aujourd'hui, Bertrand ? Y dit ça :
« Salut john, et bravo.
Bravo, parce que tu as su trouver les mots justes. "On ne bande pas pour des morceaux de viande, on bande pour un humain qui s'offre, corps et âme." Ca fait du bien de le lire, je tenais simplement à ce que tu le saches (mais tu le sais, n'est-ce pas ?) Voilà pourquoi j'aime ce blog : il dépasse le porno pour finalement le rejoindre à son origine. [.] Ma petite amie me demandait il y a peu pourquoi les mecs aimaient tant les éjacs face. Il m'a fallu du temps avant d'entrevoir une réponse, mais finalement je hasarde celle-ci ; une éjac face, c'est l'amour contre nature, c'est donc un putain de cadeau qu'on offre à son partenaire. Mais il faut y prendre plaisir. Montrer que l'on s'éclate à recevoir la semence de son mec sur le visage, c'est tout le contraire d'un plaisir égoïste ; c'est une offrande. L'offrande de la beauté, de l'innocence ; c'est "s'offrir corps et âme". Et qu'est-ce d'autre finalement, "s'offrir corps et âme", que retrouver une innocence perdue ? Ni culpabilité, ni honte, ni morale, n'est-ce pas la définition de
l'innocence ? D'où un paradoxe amusant : c'est en baisant une fille tout sauf innocente, et c'est en prenant du plaisir, elle comme nous, que l'on retrouve notre innocence d'enfant. Plaisir d'offrir, joie de recevoir. Voilà pourquoi une éjac face est difficile à réaliser pleinement, et pourquoi, réussie, c'est une des plus belles choses du monde.
Bertrand »
D'abord, môssieur Bertrand Monsauveur, on ne dit pas une « éjac face ». On dit une « éjac faciale ». Ensuite, merci. C'est un bon sujet de gloubiboulga ça, l'éjac faciale. Pourquoi ? Parce que la plupart des filles considèrent ça comme une pratique misogyne. Là encore, c'est comme pour tout le reste dans notre beau métier, tout dépend de la façon dont c'est fait. Dans la plupart des films (90 % ?) on voit un mec, debout, la teub à la main, qui souille le visage de sa partenaire, qui se tient à genoux devant lui, en la traitant de salope. Trois preuves de misogynie dans la même scène. Un : la position des partenaires. Lui debout, elle à genoux, donc dans une position de soumission. Deux, le vocabulaire employé. Trois, et c'est sans doute le détail le plus insidieux, l'acteur n'est pas en train de se faire sucer et masturber, au moment où il éjacule, il se branle tout seul devant la fille qui attend, la bouche ouverte. Pas de partage, pas de jeu en commun, pas d'offrande. Le mec prend sa partenaire pour un papier hygiénique, c'est clair. Ici encore, ce n'est pas l'acte lui-même qui pose problème, c'est la manière de le montrer. C'est pour ça que, lorsqu'on me dit : « bof, ça, je connais, c'est du porno. », je ne peux pas m'empêcher de demander : « Quel porno ? »

Tiffany Hopkins, la somptueuse. «Montrer que l'on s'éclate à recevoir la semence de son mec sur le visage, c'est tout le contraire d'un plaisir égoïste ; c'est une offrande. »
Ah, à propos... S'il y a des Parisiens que ça amuse, je serai à la Sorbonne après-demain, lundi 24, de 19 h 30 à 21 h 30, amphi Lefebvre, pour un « séminaire » intitulé :"NOUVEAUX ET ANCIENS MÉDIAS : A ARMES EGALES DEVANT LA CENSURE ? [ séance interdite aux moins de 18 ans ]" ce sera peut-être rigolo ?
vendredi, novembre 21, 2003
-324. Apologie du plan moyen.

Encore un jeu avec des images. Regardez celle-ci. C'est la photo d'un ange, d'une fille innocente, sereine. Elle aurait pu être faite sur une plage en été, pendant un pique-nique, une après-midi à la campagne. Dans le sourire de cette fille, on ne peut lire que le plaisir d'être là, être photographiée et de se savoir jolie, mais rien de sexuel, rien de provocant, aucune invitation particulière.

Regardez cette photo. Imaginez ce qui ce trouve sous la croix rouge. Un fist-fucking en gros plan. De la sexualité à l'état brut, triviale, frontale, provocante, extrême. Réunissons les deux photos. Pouf, pouf.

Troisième image. C'est une bonne photo de cul, parce que ce sont deux photos réunies en une seule et que leur réunion provoque un choc. Le visage est angélique, l'action est triviale. L'oil et le cerveau hésitent. Que regarder, qu'est-ce qui est le plus émouvant ? L'ange ou le démon ? Ni l'un ni l'autre, ce qui est émouvant c'est de constater que l'ange et le démon sont une même personne. Seul le plan moyen peut produire cet effet-là. C'est là que la plupart de mes confrères pornographes commettent régulièrement la même erreur : ils approchent leurs caméras pour découper leurs modèles en une série de tranches anatomiques : seins, bouches, vagins, culs, qui n'ont, finalement, aucune puissance d'émotion. On ne bande pas pour des morceaux de viande, on bande pour un humain qui s'offre, corps et âme.
jeudi, novembre 20, 2003
-325. Les giclées de son sperme chaud sur ma peau nue
Celle-ci était lue par Adrianna. Ah, Adrianna...! Une hardeuse d'exception, celle-là !
« J'avais dix neuf ans. Je m'en souviens comme si c'était hier. J'étais à la cité universitaire, avec d'autres filles de mon âge. C'était un vendredi après-midi. Comme tous les vendredis, on nous avait emmenées à la piscine. J'ai jamais beaucoup aimé la piscine. Je portais toujours un vieux maillot de bain une pièce, très moche et très couvrant, pour masquer mon corps le plus possible. J'avais honte de moi, je me trouvais trop blanche, trop molle. Et puis j'étais encore vierge alors que la plupart de mes copines s'étaient déjà envoyées en l'air depuis des années avec pas mal de garçons. Le soir, dans leurs chambres, elles comparaient leurs expériences. Moi, je me taisais. A la piscine, c'était comme dans les chambres, elles se promenaient toutes nues, elles comparaient leurs seins, leurs jambes, leurs fesses sans honte, elles se montraient leurs épilations, elles parlaient de leurs règles, elles s'amusaient à s'embrasser avec la langue et à se peloter devant moi, pour me provoquer. Ce vendredi-là, je suis sortie de l'eau avant les autres et je suis allée prendre ma douche toute seule. Dans cette piscine, les douches étaient collectives. Il y a en avait juste une qui fermait avec une serrure. C'est celle qu'utilisaient les professeurs. C'est celle dans laquelle je me suis enfermée. Comme ça j'étais tranquille, personne ne verrait mon corps. Ce qui s'est passé exactement, je ne sais pas. j'ai du oublier de fermer la porte avec le loquet ou bien il avait un outil spécial pour l'ouvrir. En tout cas, j'étais toute nue sous l'eau chaude et tout d'un coup, il était là, tout contre moi. Il devait avoir à peu près mon âge. Je ne l'avais jamais vu avant. Il portait un jean et il était torse nu. J'ai voulu crier mais il a mis sa main sur ma bouche. En même temps, il a défait le haut de son jean, il a sorti son pénis et il me l'a mis dans la main. C'était la première fois que je touchais un sexe d'homme. Il m'a juste dit « branle-moi ». Moi, j'arrivais plus à respirer, ça tournait dans ma tête. Je l'ai branlé. Je sentais son sexe dans ma main, très dur, et l'eau chaude qui coulait sur nous deux. Lui, il a plus rien dit. Moi, je le masturbais et c'était bon. C'était tellement bon. Je sais pas combien de temps ça a duré. Pas longtemps, sans doute, peut-être une minute, pas plus. Tout d'un coup il a poussé un petit cri, comme si je lui avais fait mal et j'ai senti son sperme dans ma main, sur mes doigts, sur mon ventre, sur mes seins, jusque sur mon visage. Ca giclait par saccades, avec beaucoup de force. Alors j'ai joui d'un coup. Il a même pas eu besoin de me toucher. J'ai joui comme ça, debout sous la douche, juste en sentant les giclées de son sperme chaud sur ma peau nue. Après, il est parti. Quand les autres filles sont revenues, elles m'ont trouvée là, assise dans l'eau chaude avec l'air stupide et du sperme sur les seins et sur les joues. Elles ont cru que j'étais malade, mais j'étais pas malade. J'allais très bien. J'ai jamais revu ce garçon, j'ai jamais su qui c'était. »

"Là, Adrianna me fait la gueule parce que je la lève pas assez vite... J'adore les emmerderesses !"
LE SEXE EST UN PLAISIR SANS EFFORT.
Pour vos images "de vrai X" (aux rayons X), il s'agit d'oeuvres de l'artiste belge Wim Delvoye, auteur entre autres de la "machine à caca". ex : http://www.bartschi.ch/Wim_Delvoye/default_visite.html
Allez jeter un oeil sur le site. C'est obsessionnel et remarquable.
Reçu ça ce matin en réponse à mes questions d'hier. C'est passionnant, je vous le livre tel quel.
« Pourquoi a-t-on si peur de voir son voisin faire l'amour ? » Pourquoi la représentation de l'acte sexuel est-elle si dangereuse que la quasi-totalité des cultures de notre planète l'interdit ou la réprouve ?**
Je ne suis pas certain qu'on aie peur de voir son voisin faire l'amour. Je pense qu'on a seulement peur que ça se sache ! De tout temps quiconque (ou
presque) qui en avait l'occasion n'a pas hésité à profiter d'un tel spectacle, voir à l'organiser au su ou à l'insu des intéressé. A la condition toutefois de pouvoir rester invisible ou, au moins, anonyme. La plupart des gens veulent bien se rincer l'oil mais incognito !
Quand aux représentations de l'acte sexuel, elle sont fréquentes sous forme de sculptures, peintures gravures et autres dans les cultures africaines, asiatiques et pré-colombiennes. Elles ont même souvent un caractère sacré. En occident elles existent depuis longtemps mais n'ont rien de sacré (monothéisme oblige !). A Versailles, la cour se régalait de gravures obscènes qui, dés l'invention de la "lanterne magique" devinrent de véritables "slide-shows". Et que dire de la coutume qui voulait qu'en cas de doute, le prétendant au trône fasse la preuve de sa virilité devant huissiers et témoins (là on frise le "live-show" !!). En fait, sous nos latitudes, c'est surtout depuis le XIXe siècle que la pudibonderie parvient à s'imposer avec le plus de rigueur.
Pourquoi ? Je hasarde l'hypothèse suivante:
Les religions monothéistes détestent le plaisir auquel elles préfèrent la Joie procurée par la Foi. Elles rejettent plus particulièrement le plaisir sexuel qui, pour elles, représente la part animale de l'homme, celle qui l'éloigne le plus de Dieu. Ces religions ont pu imposer plus ou moins ce point de vue au peuple mais pas (sauf exception) à l'aristocratie. A la fin du XVIIIe siècle, l'aristocratie perd le pouvoir au profit de la bourgeoisie alors que commence la révolution industrielle. C'est le début du productivisme.
Quel rapport avec le sexe en général et la pornographie en particulier ? J'y viens.
Le sexe est le seul grand plaisir qui ne nécessite aucun travail, aucune production car nous sommes tous équipés de naissance pour en profiter. On peut certes le pratiquer de façon luxueuse et hors de prix mais ça n'est nullement indispensable. LE SEXE EST UN PLAISIR SANS EFFORT. Or l'effort est la clé de voûte du productivisme. Il convient donc de ne valoriser que le plaisir obtenu par l'effort, que le plaisir "mérité". Pour la religion "le sexe détourne de Dieu" et pour la bourgeoisie industrielle "le sexe détourne du travail". Comme le travail est aussi une vertu divine, on est sur la même ligne. A noter que les deux productivismes, le capitaliste jusque dans les années 70 et le communiste jusqu'à ce jour (la Chine est toujours officiellement
communiste) ont parfaitement adhéré à ce principe. Les révolutionnaires marxistes - athées mais ayant le culte du travail - , après avoir prôné l'amour libre, se tournèrent vers un puritanisme productif et intransigeant dés leur arrivée au pouvoir. Quand aux capitalistes, ils ne mirent un bémol à leur moralisme que lorsqu'ils y virent l'opportunité d'un marché au potentiel non négligeable. Ce sexe-là devenant payant ne contrevenait donc pas au principe d'effort nécessaire.
Ton idée sur la relation entre la confiance dans le système et la liberté des moeurs me semble donc plausible. Quand la confiance règne on peut desserrer le carcan mais quand elle diminue il faut remobiliser et redoubler d'efforts. "La récréation est finie, tout le monde au boulot !" Fin de la "parenthèse enchantée". Et bien sur, les calottés et barbus de toutes obédiences y voient une occasion rêvée de regagner le terrain perdu.
Si le sexe est un plaisir sans effort, gratuit, l'exhibition de la nudité et a fortiori de l'acte sexuel ne peut être perçue que comme nuisible. C'est un rappel constant qu'il n'est nul besoin de se crever au boulot, de faire carrière ou d'avoir trois bagnoles, un mas à St-Tropez et un portefeuille d'actions pour prendre son pied aussi souvent qu'on veut, seul ou à plusieurs. C'est aussi rappeler que l'animal qui est en nous n'est pas qu'avilissement et brutalité mais qu'il est aussi source de plaisir et de joie de vivre. Ceux qui profitent de ce potentiel de plaisir gratuit pourraient être moins motivés pour faire sagement la queue au bureau de placement et se plier angoissés à des entretiens d'embauche humiliants. Je n'irai pas jusqu'à dire que la pornographie est subversive mais je n'exclut pas que la liberté sexuelle le soit.
Amicalement
François"
Merci François!
Ah, j'ai aussi reçu un courrier très gentil de « la taupe ». Je vous recommande son blog, il est très bien fait et bourré de trucs intéressants: http://joueb.com/taupe/news/48.shtml
mercredi, novembre 19, 2003
-326. Eros & Thanatos

Je ne sais pas qui les a faites, ni d'où elles viennent...

Des internes, une nuit, bien fumus ?

En tout cas, elles sont étonnantes, non ? Ca, c'est du vrai X!
-327. Ni stars ni salopes.
« Bonjour,
Je suis tombée vendredi dernier sur votre blog. Ce fût l'une de mes meilleures découvertes de la semaine sans aucun doute ! J'ai particulièrement apprécié votre premier post sur les mails de ces jeunes hommes qui courent après leur queue... Ca m'a rappelé pas mal de choses, notamment les mails que moi même je reçois régulièrement, de soi-disant photographes amateurs (je suis modèle photo à mes heures, mais sur mon book online je précise pourtant bien qu'il ne faut pas compter me toucher) qui veulent surtout tirer un coup et garder un souvenir de leurs exploits ! Ralala, ces mecs !!! Y en a-t-il un pour rattraper l'autre ? »
La fille qui m'a envoyé ce courrier s'appelle Ambre. Elle a un site Internet perso, www.ambre-online.com, que je suis allé voir. C'est un site de webcam, de photos de charme amateur, de bla-bla. Si l'on veut parler avec la belle, compulser ses quelques photos soft, ou la voir en train d'écrire sur son ordinateur en direct, il faut s'abonner à la zone membres. Voilà à quoi elle ressemble, Ambre :

C'est juste une petite nana, bien dans son époque, bien dans son corps, narcissique et exhibitionniste comme tout le monde, mais qui s'assume et qui a construit de ses blanches mains un autel voué au culte de sa petite personne. Et, j'en suis sûr, personne dans son entourage ne la prend pour une salope, une nymphomane ou une folle. C'est qu'elles ont énormément changé, les nanas d'aujourd'hui par rapport à leur grandes sours. Elles sont libres, elles sont fières, elles sont fortes, sexuelles si elles en ont envie, à l'aise dans leur corps. Elles ont pris le pouvoir et les mecs de leur âge ont bien du souci à se faire. Courez, les garçons, courez ! Vous ne les rattraperez pas. Je vois ça tous les jours au bureau, et c'est nouveau. Elles se présentent à moi, elle se déshabillent, elle posent. Faire l'amour à une autre fille ? Une fellation face à la caméra ? Faire l'amour à un ou plusieurs garçons ? Oui, pourquoi pas ? Ca peut être marrant. « Et ton petit ami ? » « Boh, je ne lui en parlerai même pas. » « Et tes copains de fac ? » « Rien à foutre, c'est mon corps, c'est ma vie, et s'il ne comprennent pas, c'est leur problème, pas le mien. » Il y a quelques années, quand j'ai commencé dans le porno, on ne voyait que deux types de filles : celles qui faisaient ça pour l'argent, et celles qui voulaient devenir des stars. Aujourd'hui, une fille mutante est apparue. Une fille dans le genre de Ambre, qui fait juste ça parce que ça l'amuse et que ça ne lui pose pas de problèmes. C'est clair, à âge égal, les filles sont beaucoup plus mûres et beaucoup plus à l'aise, sexuellement que les garçons. Ça se voit dans mon métier. Ce serait bien que ça se voie partout.
mardi, novembre 18, 2003
-328. La liberté sexuelle ne s'use que si l'on ne s'en sert pas.

"Oh, John, je suis toute mouillée quand tu me parles en chinois ! Encore !"
-329. Pourquoi as-tu peur de voir ton voisin faire l'amour ?
« je reste intimement persuadé que le porno a un sens. [.]Le porno est, par la force des choses, ce qui touche le plus près à la nature de l'être humain, à "l'os[.]probablement la dernière révolution à accomplir. Une sorte de mai 68 à refaire et à réussir. [.]il y a des filles et des types qui pratiquent le porno, [.] ils franchissent des barrières. Mais pour aller où ? »
La transgression... Pourquoi le porno est-il transgressif ? Si je n'étais pas aussi prisonnier de mes obligations professionnelles, si j'avais plus de temps libre, je me ferais rat de bibliothèque pour potasser des ouvrages d'ethno et de sociologie et essayer de répondre à cette question : pourquoi, dans presque toutes les cultures de la planète, la représentation de l'acte sexuel est-elle tabou ? Les chrétiens, les musulmans et les juifs en font un péché, les Chinois punissent la pornographie de mort... Si le porno a un sens, comme se le demande Bertrand, c'est là qu'il faut le chercher. Dans sa dangerosité, dans la peur qu'il suscite, dans les causes de sa répression. Soyons naïfs. Que montre le porno ? Eh bien, il montre l'acte le plus simple, le plus anodin, le plus couramment pratiqué sur la planète : l'acte d'amour, l'acte de reproduction. Un truc aussi bête que manger, faire pipi ou caca, se moucher, un truc physiologique à trois balles que n'importe quel mammifère trouve évident. Bon. Je fais la bête, là. En fait, j'ai bien une idée sur la question... Mais mon opinion, on s'en fout. Ce qui est fascinant, dans ce débat, c'est la question elle-même : « pourquoi as-tu peur de voir ton voisin faire l'amour ? »
Pas de courrier, ni de Virginie Despentes, ni de Coralie, ni de Rafaella... Ben alors, les filles... On vous fait des compliments et vous ne répondez même pas ?

Métaphore visuelle évidente de l'éjaculation faciale. « Oh oui mon chéri, mets tout dans ma bouche ! » « Raté ! Tu aurais pu mieux viser, quand même ! » C'est en 4 x 3, dans toutes les stations de métro parisiennes, et ça sert à vendre des produits de beauté... et après, on dira que le porno est agressif... C'est çui qui dit qui l'est.
lundi, novembre 17, 2003
Enfin quoi, bordel ?!
« Salut,
Tout d'abord, je dois avouer une certaine "virginité" dans l'univers du X. Je n'ai jamais vu un film porno en entier, et j'ai découvert votre site sous l'impulsion de la curiosité, la notoriété de votre nom et les conseils d'un pote.[.]Malgré tout, je reste intimement persuadé que le porno a un sens. [.]Le porno est, par la force des choses, ce qui touche le plus près à la nature de l'être humain, à "l'os", pour reprendre l'expression de Philippe Djian. Ce n'est donc pas négligeable. Il y a quelque temps je me suis même dit que le porno restait probablement la dernière révolution à accomplir. Une sorte de mai 68 à refaire et à réussir. Pour le bien de tous. Quelque chose qui dépasse l'expression malsaine de névroses adolescentes. Quelque chose qui ait du sens. Enfin quoi, bordel, il y a des filles et des types qui pratiquent le porno, ils ont autant le droit à la parole que n'importe qui, et même plus : ils franchissent des barrières. Mais pour aller où ?
Je pars du principe que la nature humaine doit être admise, quelle qu'elle soit. Le porno aussi, et bien plus encore que bien des conneries. L'être humain est par essence pornographique, comme il est aussi bien d'autres choses (social, artiste, con...) Ces questions, je me les pose donc encore, et elles me fascinent. [.]
Alors, ce blog, il m'intéresse au plus haut point. En plus, je l'avoue, il est franchement bien écrit. Un style direct et franc, droit sans être vulgaire, intelligent et finalement loin des provocations stériles (c'est le cas de le dire). Il est réfléchi, pertinent, personnel, intime sans être chiant, bravo. Il y en a un paquet, des blogs qui n'arrivent pas à un dixième de celui-là.
(Ce paragraphe-là, j'aurais pu l'enlever, mais bon, j'aime bien faire ma coquette et je l'ai laissé)
Passé cette longue introduction, mais qui contestera que les intros sont toujours meilleures quand elles durent un peu ? je voudrais intervenir sur le post consacré au futur du porno au cinéma. J'ai vu Baise-moi, et je dois dire que ce film m'a foutu une claque comme je n'en avais pas eu souvent. Pour reprendre le commentaire de Lo sur
votre blog, je trouve au contraire que dans Baise-moi le sexe appartient complètement au film, et n'est en aucune manière un argument marketing, ni promotionnel, ni vulgaire. Les scènes de cul sont intégrées dans l'histoire, ce qui leur enlève tout voyeurisme, toute pornographie, dans la mesure où elles ne sont pas un climax du film mais juste une scène comme une autre.
Baise-moi, c'est mal tourné, mal joué, mal monté, mais c'est sans concession, c'est pur et ça va droit au but, sans passer par des conneries narratives ou des acteurs surconnus qui font avaler n'importe quoi. Baise-moi, c'est un diamant pas corrompu, mal dégrossi, mal nettoyé, mais un diamant brut, que les incultes ne verraient même pas s'ils passaient devant et se prenaient les pieds dedans. Une pièce rare qu'aucun orfèvre n'aurait su améliorer sans la dénaturer. Baise-moi a remis leur morve dans le nez à Thelma et Louise. Baise-moi répond selon moi au moins en partie aux questions que vous avez soulevées.
Voilà, c'était une petite pierre apportée à la réflexion que vous avez initiée, à ma grande satisfaction. Et faites mes amitiés à Virginie Despentes si vous la connaissez. Moi, je n'ose pas la rencontrer, pourtant j'aimerais beaucoup lui dire ce que je pense de ce film hors du commun. Enfin bref.
Bonne continuation, vous intéressez des types de tous horizons.
B. »
Ce gars-là, il lève tellement de lièvres dans son courrier que je ne sais pas par où commencer... Je posterai des commentaires demain. La seule chose que j'ai envie de dire ce soir, c'est qu'il me fait très plaisir. Je suis ravi que cette page devienne une zone de dialogue, d'échanges, de commentaires. Ça prouve que je ne suis donc pas dingue, qu'il y en a d'autres que moi qui pensent que le sexe est une chose importante et que donc, la question de sa représentation est forcément importante aussi. Youpi !
Eh, Virginie, Coralie, Rafaella ! Vous avez lu ce qu'il a dit, le monsieur? Écrivez-moi, et je posterai votre réponse. Bisous à toutes les trois.
-330. Le néant rose.
"Tu regardes tes pieds dans l'escalier de bois sale. C'est comme un travelling « filé », au cinéma. Un mouvement noyé dans le flou. Ce n'est pas toi qui monte ; ce sont les marches qui se déplacent toutes seules de façon continue, comme une rivière qui coule sous tes semelles. Dans les virages de l'escalier, tu es pris d'un léger vertige. La caméra panote trop vite. Doucement avec les mouvements de tête. Premier palier. Tout va bien, pas de nausées. Tu connais parfaitement ce symptôme du travelling filé dans l'escalier. Il te rassure. Il est la preuve que tu as bu juste ce qu'il fallait. Pas trop, puisque tu n'es pas malade ; juste assez pour échapper à toi-même. Tu connais la posologie, depuis le temps. Tu ne joues pas avec l'alcool ; c'est un médicament. Double whisky sans glace en début de soirée. Demi-bouteille de vin rouge pendant le repas. En fin de repas, un ou deux petits digestifs. Grappa, Armagnac ou alcool blanc, mais surtout plus de whisky. Never mix grape and grain. Deuxième palier. La clé dans la serrure. Tu es chez toi et tu ne ressens aucune angoisse. Cette nuit, tu es confiant. Suffisamment ivre pour pouvoir côtoyer le vide sans en avoir peur. Tu salues ton four à chaleur tournante, ton magnétoscope et ton lecteur DVD, ton décodeur et ton lave vaisselle qui t'accueillent en te donnant la même heure : minuit moins douze. Douze minutes d'avance. Un verre de plus ? La bouteille de whisky est sur la table basse. Non, ce serait le verre de trop, celui qui transformerait cette soirée que tu veux calme en un cauchemar nauséeux. Il va te falloir agir lentement et être malin pour ne pas réveiller les démons. Tu te déshabilles en laissant traîner tes vêtements au milieu du salon. Qui s'en plaindra ? Tu es si seul.Tu fais couler la baignoire. Tu t'assieds sur le siège des toilettes en lisant un article d'un magazine de motos consacré au nettoyage des carburateurs. Tu prends ton bain, pas trop vite, en évitant de regarder la plante morte au dessus de la baignoire et les photos scotchées sur le miroir qui sont des traces dangereuses d'un passé proche. Minuit moins deux. Ca va. Tu t'allonges, nu, sur le canapé, tu éteins les lumières et tu allumes le décodeur. Canal 450. XXL. Ta main droite sur ton pénis. Ca y'est, tu es sauvé. Reste ici autant que tu voudras, tu ne risques plus rien. Cette soir, tu le sens, tu vas tenir longtemps. Te fondre lentement dans le néant rose sur l'écran, te masturber une fois, deux fois, trois fois, jusqu'à cesser totalement d'exister."

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