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lundi, mai 29, 2006

227. Lundi...


Bon. Finalement, hier, ne sachant pas quoi faire d'autre de ma journée, je suis resté au bureau à travailler en écoutant de la musique.



Les photos sont assez chouettes, mais il faut vraiment, cette semaine, pour les prochaines séries, que je sorte du studio. Je ne supporte plus les fonds de papier et les éclairages en trois points.

Et puis, le cadeau du jour. Jijipé, qui nous envoie la v2 de sa création d'hier. La photo d'un côté et le texte de l'autre. C'est plus facile à lire comme ça.

(PS: J'ai fait un rêve, une fois, qui ressemble au délire de JJP, dans lequel je me voyais vieux et toujours pornographe, à la tête d'une grosse, froide et prospère société genre Hustler. C'était un rêve pas bien du tout. Brrr... Vieillir en tant que pornographe... continuer à vendre du frisson sexuel alors que soi-même on n'en éprouve plus, froidement, comme on vend des produits d'entretien. Drôle de perspective.)



Depuis l'hégémonie de Google sur la totalité de la planète, passé présent et futur sont désormais confondus. Ceci donne désormais la possibilté de retrouver divers documents et pages web mis en ligne dans ce qu'il aurait été auparavant convenu de désigner sous le terme de "futur". De quand date ce document ?... disons d'environ 2047(?)

Comme chaque dimanche, depuis des lustres, quelle que soit la saison, au dernier étage d'un
austère building du centre d'affaires de Washington D.C., le vieux John. B. Root, pardon... SIR John. B. Root, sanglé dans son sempiternel et austère costume noir mal coupé de puritain Wasp, est là, minuscule dans l'immensité de son bureau de 800 m2 sinistre comme un catafalque, à compulsivement voir et revoir encore, les chiffres des abonnés de ses sites web pornographiques, seule et unique chose qui compte désormais pour lui.
Martha, secrétaire et souffre-douleur en titre, maigre et usée par un demi siècle d'humiliations quotidiennes, est présente à ses côtés, grise, fidèle, et confite dans une haine indéfectible pour cet homme qu'elle accuse d'avoir détruit sa vie.

Le dialogue qui s'ensuit entre John. B. Root et sa secrétaire Martha, a été capté par hasard par un logiciel espion présent dans le système informatique, qui capte et retranscrit par écrit les conversations. Puis il a longtemps séjourné sur le net où je l'ai trouvé.

John. B. Root - ... Allons Martha il nous faut revoir tous ces chiffres car décidemment, aujourd'hui, quelque chose semble m'échapper...

Martha (pensant):... comme je le hais... oh comme je le hais !...
... à voix haute:
- ... comme il vous plaira Sir John ... mais n'avons nous pas déja tout passé et repassé en revue au moins cinq fois depuis ce matin cinq heure ?!...

JB.R - ... sans doute Martha sans doute mais... quelque chose m'échappe encore... car... sur neuf milliards d'êtres dits humains comment ce fait-il qu'il y ait encore si peu qui soient abonnés à "monkikitoutdur.com" ?...

M- (pensant:)... tout ce qui intéresse ce vieux grigou c'est de débiliter et d'anéantir l'humanité entière avec ses horribles sites pornographiques et tout ça POUR LE FRIC !... et moi qui collabore bassement... c'est épouvantable !...
A voix haute (ton soumis et affable):... et bien probablement parcequ'ils sont DÉJÀ abonnés à
"tafoufounetoutemolle.com" Sir John !...

JB.R - ... certes Martha certes... l'argument est acceptable mais... ça ne fait ENCORE pas le compte Martha comprenez-vous ?!!...

M- ... mais Sir John... il y a aussi ces peuplades primitives de Papouasie et Nouvelle Guinée... et... et tous ces pays arriérés où les gens ont des problèmes de connexions ! et puis il y a aussi les pays en guerre... le Caucase oriental par exemple, est à feu et à sang et nous avons encore peu de clients en Tchétchènie Sir John !... de fréquentes pannes d'électricité dues à des coupures de courant...

JB.R - Hm-hmm... ça va, ça va... je connais la rengaine !... il me faut tous ces gens Martha !... il me les faut TOUS comprenez-vous ?!... (éructant, frappant du poing sur la table) JE LES VEUX TOUS !... SCOTCHÉS A LEURS ÉCRANS !... BAVANT... LA MAIN DANS LE PANTALON !... TOTALEMENT SOUMIS A MA VOLONTÉ !... TU COMPRENDS çA ?!...

M- euh... oui... oui Sir John !...

JB.R (se reprenant)- ... mais vous avez l'air si triste Martha... que se passe t-il soudainement ?

M- Je... je n'ai pas vu grandir mes enfants Sir John... et je ne verrai probablement pas
grandir mes PETITS enfants...

JB.R - ... comme cela est fâcheux en effet, pauvre... pauvre Martha... et bien... reprenez donc encore un peu de ce délicieux sandwitch au poulet bouilli car je tiens à ce que vous soyez amplement et intégralement consolée...

M- ... merci Sir John !... (... beuaah... son sempiternel infect sandwitch au poulet bouilli que j'ingurgite tous les dimanches depuis 47 ans !... yeark...et moi qui le remercie en plus !... oh comme je suis méprisable !...)

JB.R - ... voilà... cela va-t-il mieux maintenant ?... ce gros chagrin est-il définitivement passé ?...

M- ... oui Sir John !... vous ètes si bon...

JB.R - ... à la bonne heure... alors revoyons donc ces chiffres voulez-vous Martha ?...

M- ... oui Sir John !...
JB.R (ton cassant)- ... et cessez de renifler comme cela voulez-vous c'est agaçant à la fin...

M- ( tout en pleurnichant et reniflant bruyamment) ... oui Sir John !...

//// bavé par John B Root @ 11:04 AM

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