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samedi, décembre 03, 2005

78. Ah les filles!!!


Partouze de neurones dans les commentaires d'hier, avec des moments de bravoure et d'intelligence qui font vachement plaisir. C'est bô.
Du coup, j'ai utilisé l'un des témoignages pour conclure le brouillon du papier que j'écris en ce moment pour ma chronique dans le Newlook du mois prochain. Thème classique chez moi, traitement un peu nouveau.
PS. Je suis pas sûr que je vais continuer à écrire dans Newlook. Trop d'horreurs démago-sanglantes dans ce canard. Je supporte pas. Allez hop, v'là le papier.

"C'est pour elles, parce que j'en ai toujours été obsédé, parce que j'ai toujours eu l'irrépressible et permanente envie de les posséder toutes, de les déshabiller toutes, de les collectionner, de passer ma vie entière à les regarder que j'ai choisi de bosser dans le porno : les filles.
Ah là là. Les filles.

Quand j'ai débuté dans le métier, il y a maintenant onze ans, elles étaient bien différentes de ce qu'elles sont aujourd'hui. Je me souviens qu'à l'époque, dans les années 90, grosso modo, je travaillais avec deux types de nanas. Un : celles qui faisaient du X dans l'espoir de faire une carrière, voire de devenir célèbres (Laure Sinclair, Coralie, Dolly Golden, Anita Blond, Julia Channel. il y en avait des centaines dans cette catégorie-là.) et deux, celles qui faisaient ça seulement pour gagner des sous. Le plaisir, le jeu, n'étaient, me semble-t-il pas les motivations premières de ces deux types de hardeuses. C'étaient des mercenaires. Le chèque après la scène ou la couverture de Hot Vidéo leur procurait plus de plaisir que le boulot lui-même ou que les caresses de leurs partenaires. Déjà, à l'époque, ça m'étonnait un peu. Je me souvenais des pornos des années soixante-seize, les Kikoïne, les Lanzac, les Tranbaree, les Leroy, dans lesquels j'avais l'impression que les filles s'amusaient plus ; avaient plus de plaisir à transgresser ; à jouer ; à dépasser leurs limites ou à faire chier le bourgeois. Ouais. Les années 90 étaient des années assez dures, assez froides, finalement. Mais bon, je faisais avec ce qu'on trouvait et on s'amusait bien quand même.

Et puis, peu à peu, le temps passant, j'ai vu arriver au bureau, casting après casting, une nouvelle espèce de fille. Dix-huit ans, vingt ans, vingt-cinq ans au max. Des aventurières de banlieue, oui, comme toujours, mais aussi et c'est plus étonnant, des filles de bonnes familles. Bac plus trois, quatre, cinq. Parfois même des étudiantes en fac et des futures diplômées dans des secteurs très sérieux. En architecture, comme Mahé, en littérature ancienne, comme Carla, en sociologie, comme Marilyne, en commerce, comme Bulle. Des filles sûres d'elles, épanouies. Fortes. Des guerrières.

Exemple de dialogue pendant une première rencontre :
Moi : Tu vois ce qu'on fait ici, alors toi, qu'est-ce que tu voudrais faire ?
Elle : Ben... Tout.
Moi : Tout quoi ?...Godes ? Scènes lesbiennes ? Fellation ?
Elle : Non... Tout. Une scène de sexe. Avec toi ou avec un autre garçon, comme tu veux. Avec des filles aussi. J'ai jamais essayé mais ça doit être marrant.
Moi : (Etonné. Ca m'étonne toujours quand une débutante est aussi sûre de ses motivations) Mais. ? T'as bien réfléchi ?
Elle : (étonnée par mon étonnement) Evidemment. Je serais pas venue sinon. Ca fait depuis que j'ai l'âge de seize ans que j'y pense. Maintenant je suis majeure. J'ai envie de faire ça et je vais le faire.
Moi : T'as pensé à ton entourage ? Les photos et les vidéos vont être publiées.
Elle : Mes parents, je leur raconterai. Si ils comprennent pas ça me fera de la peine mais tant pis. Et mon mec, je lui dirai pas. Il comprendrait pas du tout. Lui, il croit que je lui appartiens. Mais c'est une affaire entre moi et moi, tu comprends ?

Non. Je ne comprends pas vraiment. Ce courage qu'il leur faut pour le passage à l'acte, cette douce folie si clairement assumée me laissent toujours rêveur. Elles savent, si elles bossent avec moi et que leurs photos et vidéos sont publiées, qu'elles risquent de se faire traiter de salopes par des gens qu'elles aiment mais qui ne comprendront pas leur choix, de se voir même exclues de certains groupes ; elles savent qu'elles auront à justifier leur décision parce que le porno, dans notre société, est très mal considéré. Moi, quand j'ai sauté le pas, quitté la littérature jeunesse et ma carrière « culturelle » à la télé, j'ai renoncé à plein de choses et opéré une rupture totale qui m'a flanqué une peur bleue sur le moment. Elles, elles font ce choix-là avec une tranquillité, une simplicité et un humour qui me désarment.

Ce que je comprends, c'est que les temps ont changé. Ces filles-là sont les filles des années 2005, élevées dans une société dans laquelle l'épanouissement personnel et le plaisir sont élevés au rang d'idéal de vie, où le porno a toujours eu droit de cité, où les médias dans leur ensemble se sont sexualisés, où leurs magazines pour teenagers leur parlent d'orgasme et de sodomie et où des stars du X passent en prime time sur TF1. Une société dans laquelle la sexualité a été en partie banalisée, en partie déculpabilisée, où elle fait partie du paysage culturel. Carpe Diem, ma fille. Baise et jouis, c'est ton droit.

Les gonzesses ont parfaitement compris la leçon. Plus vite et beaucoup mieux que les garçons de leur âge. Et si j'avais 20 ans aujourd'hui, je me sentirais salement déstabilisé par elles. Elles courent, les filles, elles courent droit devant, sur une route qu'elles dessinent elles-mêmes ; elles prennent le pouvoir sur leur sexualité et sur leur image et ne dépendent plus seulement des mecs pour se fabriquer une identité de femme. Maman ou putain, ménagère de moins de cinquante ans ou traînée, femme-objet ou femme d'affaires. les modèles qui balisaient la vie de leurs mères, elles n'y croient plus. Elles sont en train d'inventer un truc, c'est sûr. J'ai lu récemment le témoignage très touchant d'un gars qui racontait que sa copine voulait faire de la visiophonie érotique alors que lui n'était pas d'accord. Elle a fait son choix et sa valise. Sur son PC, aujourd'hui, il la voit tous les soirs se déshabiller pour séduire d'autres hommes et ça lui fait mal. On le comprend."


//// bavé par John B Root @ 10:54 AM

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